CARMINA BURANA - CARL ORFF 1937
MERCI A Bilkent Üniversitesi - J'AURAI TELLEMENT AIMER FAIRE PARTIE DES CHORISTES!!
Carl Orff | Carmina Burana - Fortuna Imperatrix Mundi 1. O Fortuna 2. Fortuna plango vulnera - 1937
Un certain nombre des informations de cette page ont été extraites du site de l'association CARL ORFF FRANCE www.orff.fr
Carmina Burana (latin : « Poèmes » ou « Chants de Beuern ») est le titre que le linguiste allemand Johann Andreas Schmeller a donné à un manuscrit découvert en 1803 dans l’abbaye de Benediktbeuern et dont la première édition date de 1847.
Il s’agit de la compilation, partiellement notée en neumes et rédigée entre 1225 et 1250, de chants profanes et religieux composés en latin médiéval — avec certaines parties en moyen haut-allemand, arpitan, ainsi qu'en français— majoritairement par les goliards, des ecclésiastiques défroqués ou des étudiants vagabonds.
Le manuscrit comporte des chansons d’amour, des chansons à boire et à danser ainsi que des pièces religieuses.
La popularité du recueil connut un regain au XXe siècle grâce au vif succès de l'œuvre musicale éponyme de Carl Orff, Carmina Burana, composée en 1935-1937, dans laquelle Orff reprend vingt-quatre des chants du manuscrit!!
Carl Orff compositeur allemand né le 10 juillet 1895 à Munich où il meurt le 29 mars 1982. Son œuvre la plus connue est Carmina Burana.
Carl Orff a travaillé en collaboration avec de nombreux artistes (musiciens, danseurs, peintres, chorégraphes, poètes, etc.) :
- Maurice Carême poète belge dont il a mis en musique "la litanie des écoliers" ;
- Lucas Suppin, peintre autrichien a favorisé le contact entre Carl Orff et Jacques Prévert. Bien que ces derniers ne se soient vus qu'une seule fois au domicile de Prévert à Paris, ils entretenaient une proximité amicale dont témoignent des dédicaces régulières: « En souvenir heureux de Carmina Burana Saint Paul Soleil de décembre 1954 et bientôt de janvier 1955. Paroles pour Carl Orff, Jacques Prévert» .
- Par ailleurs, Prévert a écrit le poème Carmina Burana , reprenant ainsi le titre de la cantate scénique de C. Orff auquel il voulait ainsi rendre hommage. Ce poème a été repris dans l'ouvrage commun Carmina Burana (Manus press 1965) dans lequel sont reprises des contributions de Carl Orff, Prévert et du peintre HAP Grieshaber.
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Poème "Carmina Burana" que Jacques Prévert écrivit en hommage à Carl Orff (LIVRE :“Choses et Autres”
"La musique voyage "
comme la peinture les cigognes
les émigrants
comme les nouvelles des journaux
arrachées aux passants
par le vent
et qui s'en vont vieillir
instantanément
dans les poubelles du temps
du temps qui voyage
emporté par le vent
le vent qui voyage
déporté par le tempsCarmina Burana
La musique voyage
s'en va
revient
La musique c'est le soleil du silence
qui jamais ne se tait tout à fait
du silence qui chante
ou grince en images
dans l'aimoir
ou la mémoire des gensCarmina Burana
Mais parfois la musique reste là
inécoutée
déjouée
alors s'en va très vite
mais revient de loin tout doucement
carminée
burinée
et ceux qui faisaient la petite bouche
il n'y a pas si loin longtemps
font la grande oreille maintenantCarmina Burana
Sac
ressac
La musique comme la mer
ne se soucie guère
du calendrier des concerts
ou des marées
les ouïes des poissons
se mêlent aux ouïes des violons
Et le cuivre le bois le nickel
la peau d'âne ou le crin de cheval
s'entendent comme larrons en foireCarmina Burana
Chansons à boire
à rire et à pleurerVacarmina Buravina
La musique est enfermée
dans une caisse
Ils tapent de toutes leurs forces et sans cesse
et elle sort libérée
presque tout à fait gaie
Dès maintenant
c'est encore autrefois
ou ailleurs
C'est en même temps la musique d'aujourd'hui
de partout comme de par ici
Percussion
bifurcation
voix du cœur muées soudain en voix de tête
sous la baguette de l'aiguilleurCarmina Burana
Fête
C'est l'abbaye de Benediktbeuren
ouvrant ses portes à la joie de HarlemCarmina Burana
C'est du latin cockney de White Chapel
ou de Piccadilly
Du javanais de l'arloguem du louchebem
de la chapelle dans de dix-huitième à ParisSang dessus
sang dessous
gens de tout acabit
en latin turbulent
en allemand monastique
chantent la joie de boire
la bière de Bavière
et le vin de Bacchus dans les vignes du seigneurCarmina Burana
Un ivrogne a roulé sous la table
l'orchestre de sa tête
s'est arrêté tout netCarmina Burana
Tempo de tous les temps
Frontières effacées sur les atlas des sons
sur les cartes à jouer les plus vieilles chansons
Musique à deux trois quatre
ou douze et autres temps
Musique à haute et intelligibles voix
mais hors des quatre dimensions des casiers à musique
Musique a capella
hors de toutes les chapelle
Musique jamais sévère
mais toujours grave et belleCarmina Burana
Nom des sons
Sons des noms
Un diable rouge
mais fort instruit
très cultivé
soudain sort de la boîte à savoir
du mélomane mal à l'aise
qui ne sait plus où il en est
avec cette musique hors de sa portée
Voix d'autres pays
voix d'autres siècles
oubliés dispersés
retrouvées réuniesCarmina Burana
Choeurs de voix rêveuses heureuses amoureuses
Choeurs de l'amour courtois
et un beau jour ravi
volé le lendemain
légiféré dénaturé montré du doigtCarmina Burana
Mais l'amour de la musique
mène toujours à la musique de l'amour
et quand la musique est celle du malheur
si grande si belle soit-elle
en sourdine on entend toujours
au grand air
le grand air de l'amourCarmina Burana
Le malheur frappe trois coups
les portes des prisons des palais et des temples
les rideaux d'opéra comme ceux de tragédie
s'ouvrent grands devant lui
Mais il tient toujours le même rôle
c'est toujours le vieil enfant de la mort
applaudi avec frénésie
et jamais la fausse barbe de Faust
ne le vieillit ni le rajeunitCarmina Burana
La porte se ferme et le rideau retombe
La musique se tait
et la lumière aussi
Alors au petit bonheur
chacun rentre chez luiCarmina Burana
La bonheur lui
n'a aucun rôle à jouer dans l'histoire de la vie
comme un enfant moqué meurtri mais ébloui
sûr de lui comme de sa bonne étoile
malgré tout il chante et souritCarmina Burana
"Si tu veux être heureux sois-le!"
dit un vieux proverbe chinoisCarmina Burana
Ce vieux proverbe
parfois la musique l'entend
et le dit et le joue et le chante
merveilleusement simplement.Jacques Prévert