JE RESSEMBLE AUX POISSONS
BERNARD DIMEY
JE RESSEMBLE AUX POISSONS
Je ressemble aux poissons quand les chaluts reviennent
Qu’on voit sortir de l’eau, les yeux morts depuis peu
Je suis dans un filet, je sens bien qu’on me traîne
Je voudrais qu’on me laisse encore une heure ou deux
Qu’on me laisse le temps, et, peut-être l’espace
De revoir le pays qui m’a laissé partir,
Comme le font les anguilles dans la mer de Sargasse
Allez faire un enfant quelque part et mourir !
Je ressemble aux bateaux dévorés par la mousse
Couverts de coquillages et d’étoiles de mer,
Qui vont de droite à gauche où le destin les pousse
Je refais sans bouger, mes croisières à l’envers
Je croise des requins que j’ai connu gosse
Ils me font des sourires comme des crans d’arrêt
Il faut bien du talent pour devenir féroce
Malgré tous mes efforts, jamais je ne saurai !
Je ne ressemble à rien, ça n’a pas d’importance
J’ai fait le tour du monde à l’intérieur de moi,
Je n’ai plus les moyens de tenir la distance,
Je ne vous laisserai qu’un beau squelette en bois !
J’aimerai qu’un ami le monte en lampadaire
Et qu’il ait le culot de l’installer chez lui
Ainsi, quand je serai disparu dans ma nuit
Je ferai l’effort, enfin, de la lumière !
On l’éteint et l’on fait de doux rêves !!!
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